Les chiffres de la mortalité en 2020 confirment l’impact sévère des deux vagues de Covid-19, avec des disparités entre les Régions et les provinces du pays.
Quel a été l’impact précis de la crise du Covid sur la moralité de la population belge? Statbel, l’office belge des statistique publie les chiffres provisoires de mortalité pour 2019 et 2020, en combinaison avec les chiffres de mortalité officiels publiés pour 2017 et 2018.
Hausse des décès de 18,5% en Wallonie
En 2020, 126 850 décès ont été enregistrés en Belgique. Cela représente 18 105 décès de plus qu’en 2019, soit une hausse de 16,6%. Avec des variantes entre les Régions: par rapport au nombre moyen de décès pendant la période 2017-2019, le nombre de décès a augmenté en 2020 de 13% au nord du pays, de 18,5% au sud. La Région Bruxelles-Capitale enregistre la plus forte hausse, +22,7%.
Trois pics, trois tranches d’âge
Le nombre de décès journaliers le plus élevé en 2020 a été enregistré lors des deux vagues du Covid: 675 décès le 10 avril et 567 le 6 novembre. Entre les deux, la canicule a emporté 492 personnes le 13 août.
Ce sont bien sûr les populations les plus âgées qui ont été les plus décimées par le coronavirus: 56 106 personnes de 85 ans et plus ont perdu la vie en 2020 (+20% par rapport à la moyenne 2017-2019); 33 562 décès dans la tranche des 75-84 ans (+15%) et 20 170 parmi les 65-74 ans (+15%).
Les provinces différemment impactées par les deux vagues
En Flandre, la première vague du Covid a été plus meurtrière que la seconde dans toutes les provinces, l’écart est particulièrement marqué dans le Limbourg (1 354 décès en avril, 751 en novembre). Idem pour la Région Bruxelles-Capitale: 1 681 en avril, 1 235 en novembre.
En Wallonie, la situation est plus contrastée: seules les provinces de Namur (705/682) et du Luxembourg (351/340) comptent un peu plus de décès lors de la première vague. Dans celle de Liège, le Covid a tué autant à l’automne qu’au printemps 2020, soit 1 810 décès par vague. Dans le Brabant wallon et le Hainaut, la deuxième vague a été plus meurtrière avec en novembre respectivement 492 (446 en avril) et 2 313 décès (2 062 en avril), soit le taux de décès mensuel le plus élevé en 2020.
Surmortalité printanière
Pour évaluer plus précisément l’impact de la crise sanitaire, Statbel a comparé pour chaque province le nombre de décès liés à la première vague, du 16 mars au 10 mai 2020, avec le nombre moyen de décès pour la même période en 2009-2019. Les excès de mortalité les plus importants ont été relevés dans le Limbourg et à Bruxelles: respectivement +97,9% et +89,2%. En Wallonie, Liège arrive en tête avec +65,6%. Dans les autres provinces wallonnes, y compris le Hainaut, ce pourcentage oscille entre +45,7% et +49,5%.
Les maladies cardio-respiratoires, les cancers et puis le Covid
Hors Covid, les causes de mortalité les plus fréquentes sont les maladies cardio-vasculaires (34 438 décès en moyenne par an pour la période 2010-2018), les cancers (31 918 décès) et les maladies de l’appareil respiratoire (12 798 décès). Grâce aux données collectées par Sciensano depuis le début de la crise sanitaire, Statbel a pu établir que le Covid a été la troisième cause de décès en 2020 (voir infographie ci-dessus) avec un nombre total de décès de 19 715. Le coronavirus n’a occupé le haut du classement qu’à deux reprises: en avril et novembre 2020.
Avril et novembre 2020, les mois les plus meurtriers depuis 1919
Les chiffres de la mortalité pour la Belgique sont disponibles par année depuis 1841 et par mois depuis 1919. Avec respectivement 15 518 et 14 032 décès, les mois d’avril et de novembre 2020 affichent les chiffres de mortalité les plus élevés depuis 1919. Mais en ce qui concerne le taux de mortalité brut c’est-à-dire le rapport entre le nombre de décès et la population totale, 2 020 est loin d’occuper la première place puisque l’année Covid arrive à la 147e place sur les 180 années analysées depuis 1841.
En 2020, l’espérance de vie à la naissance a diminué d’un an par rapport à 2019 pour la population totale. Elle est de 80,8 ans pour la population totale: 83,1 ans pour les femmes et 78,5 ans pour les hommes. Cette diminution est la conséquence directe des conditions de mortalité en 2020. On a calculé comment une génération s’éteindrait si, tout au long de sa vie, elle était exposée aux mêmes conditions de mortalité par âge que cette année. Cet effet devrait donc s’estomper dans les années à venir.