Pas décati, pas geignard ni seul pleureur n’en déplaise aux mauvaises langues, Alain Souchon était en pleine forme sur les planches de l’Etoile à Châteaurenard mardi soir. Du show à fond la caisse, une salle « full » et sentimentale de 1200 âmes, du cœur : le top du top. Tous les standards du troubadour filiforme y sont passés avec mention spéciale pour « Le Marin », titre de bravoure qu’il vient de reprendre, 15 ans après sa sortie avec ses fils Pierre et Ours. « Je trouve mes fils pleins de talent. Je leur pique des trucs aussi, je ne suis pas toujours très bon musicien et parfois j’ai peur que mes chansons soient nulles ». Et puis, il rit.
Tout le monde reprend aussi en cœur « Sous les jupes des filles », titre chaloupé et chaloupant lorgnant vers le reggae et Kingston, servi par des guitares affutées et une rythmique dantesque. Ça vibre sec. Quel son ! « Elles très fières, sur leurs escabeaux en l’air, regard méprisant et laissant le vent tout faire, elles dans l’suave, la faiblesse des hommes elles savent, que la seule chose qui tourne sur terre , c’est leurs robes légères… » 77 ans au compteur, mais la voix de Souchon n’a pas prix une ride.
« Chaque fois que je prends une guitare entre les mains, Laurent rigole… »
Malicieux, « Alaing, Alaing » comme le scande le public, interpelle la salle, blague un peu, lance à plusieurs reprises des hommages appuyés à son pote et comparse de mélodies Voulzy. « Chaque fois que je prends une guitare entre les mains, Laurent rigole… ». Des notes d’humour, un brin de nostagie… mais pas que.
Le monde d’Alain Souchon est peuplé de visions positives et d’empathie loin des faux semblants et des intelligences pratiques et un peu perverses d’aujourd’hui souvent guidées par le calcul et la manipulation. « La France et ses souffrances », dit-il. Sale temps pour les poètes ici-bas où « le bonheur, c’est d’avoir ». N’empêche. Non côtés en bourse le rêve et la soif d’idéal, restent quand même des valeurs sûres, hein ?