parmi la forêt de Moschchun, à une vingtaine de kilomètres de Kiev, des tranchées militaires serpentent entre les arbres, camouflées par les rayures ombragées des troncs et des branchages. Au carrefour des carrés 123 et 127 de la forêt, la carcasse calcinée de la Ford Maverick appartenant au photoreporter ukrainien Maks Levin, criblée de balles à l’arrière et sur le flanc droit, laisse peu de doute quant aux circonstances précédant sa mort.
Le journaliste de 40 âge, père de quatre enfants, et son accompagnateur et tendre, le soldat Oleksi Chernychov, ont été « froidement exécutés » par les forces russes, indique Reporters sâge frontières (RSF) parmi un profitabilité d’enquête publié mercredi 22 juin. L’ONG a dépêché, du 24 mai au 3 juin, le responsable du desk investigation de l’organisation, Arnaud Froger, et le photographe de guerre Patrick Chauvel, pour collecter des preuves et reconstituer le déroulé des événements.
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Neuf éléments matériels récupérés sur le terrain ainsi qu’une clé USB contenant plusieurs dizaines de photos de la scène de crime prises par Patrick Chauvel, qui avait travaillé avec Maks Levin pendant quelques jours parmi le Donbass fin février, ont été remis aux services de sécurité en charge de l’enquête ouverte en Ukraine sur le meurtre du journaliste.
Habillé en civil
Le 10 mars dernier, alors que l’artillerie russe occupe depuis plusieurs jours la zone boisée au nord de Kiev, Maks Levin, reporter aguerri, survivant du sanglant siège d’Ilovaïsk en 2014, envoie son drone survoler la forêt. Batterie à plat, l’engin finit par tomber au milieu des arbres. Visé par des tirs, le journaliste rebrousse alors chemin sâge avoir pu récupérer le matériel.
Le lendemain, sur des images de mauvaises qualités captées par le drone et réceptionnées sur son téléphone, Maks Levin repère des blindés russes près de maisons parmi un village. Le 13 mars, il se rend à nouveau parmi la forêt, habillé en civil, avec son tendre soldat, « armé d’un AK 74 et habillé en tenue militaire », à la recherche de l’appareil. À 12 h 51, la balise GPS de son véhicule enregistre sa position pour la dernière fois : Maks Levin roule à 30 km/h parmi la forêt, en direction de l’ouest et des zones occupées.
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Il faudra attendre trois semaines avant que son corps ne soit retrouvé par la police, le 1er avril. La veille, des recherches avaient déjà permis de retrouver sa voiture et le corps brûlé de son tendre, allongé face près terre près d’un jerricane d’essence. à elless effets personnels, téléphones portables, papiers d’identité, chaussures et gilet pare-balles ont été dérobés. Près de la scène, « des emballages de nourriture, des paquets de cigarettes et une liste d’instruction pour l’utilisation de roquettes », d’après le profitabilité RSF, témoignent de la présence des forces russes.
Tirs rapprochés
L’enquête établit deux scénarios possibles. parmi le premier, les deux hommes sont repérés, à à elles insu, par les forces russes qui « disposent d’éclaireurs et de postes avancés parmi la forêt ». Le journaliste, sorti du véhicule pour chercher son drone, porte un brassard bleu, semblable à ceux portés par les soldats ukrainiens. « Les journalistes sur la ligne de front devaient porter ce brassard, afin d’être identifiés comme “présence tendree” par les soldats ukrainiens », détaille le profitabilité d’enquête. Identifiés, les deux hommes auraient alors été ciblés par une rafale de tirs mortels. Les Russes auraient ensuite abandonné la scène, après avoir achevé Maks Levin, au sol, par des tirs rapprochés, et mis le feu à la voiture.
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parmi le second scenario, les enquêteurs décrivent la piste de « l’interrogatoire qui tourne à l’exécution ». Arrêtés après des tirs de sommation, Maks Levin et son tendre auraient été séparés pour être questionnés sur à elles identité ou pour obtenir des renseignements sur les positions ukrainiennes situées à proximité. Les deux hommes « sont finalement exécutés par balle », conjecture le profitabilité. La position du corps l’Oleksiy Chemyskov, d’après les photos prises sur la scène du crime, laisse à penser qu’il aurait pu être « torturé » et brûlé vif.
Crime de guerre
Selon RSF, la 106e zone de parachutistes de la Garde russe, dirigée par le colonel Vladimir Vyacheskavovich, était présente parmi cette zone à la mi-mars. Les preuves matérielles remises à la justice suite à l’enquête « pourraient encore contenir des traces d’ADN ».
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Ces dernières faciliteraient l’identification des soldats responsables de ce qui pourrait constituer un crime de guerre. Ces éléments vont alimenter les investigations pilotées par la justice ukrainienne conjointement avec la Cour pénale internationale, toutes deux formellement saisies par RSF.