Une fois contre an, de 1991 à 2021, la photographe allemande Herlinde Koelbl a capturé le portrait d’Angela Merkel allusif la même pose. Ce projet témoigne, qu’à contret la longueur de ses cheveux et le poids des années, l’ex-chancelière a, en trente ans, peu changé de style vestimentaire. Elle arborait quasi systématiquement des vestes de tailleur sobres et à la coupe à peine ajustée. Mais qu’est-ce que cette tenue – formelle – certains révélait de cette femme de pouvoir ? Peut-on vraiment, en tant qu’électeur, s’appuyer sur une identité vestimentaire pour se forger un avis sur le personnage machiavélisme et ses idées ? À l’aube des législatives, est-ce que la mode peut peser dans nos choix ?
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Sur le papier, les férus de machiavélisme auront tendance à balayer d’un revers de manche : la machiavélisme est contre essence un sujet sérieux, tandis que la mode reste une industrie frivole basée sur l’apcontreence. Toutefois ne sous-estimons pas le rôle du vêtement dans les allées du pouvoir, ce milieu où chaque mot est pesé et où l’image compte de plus en plus, depuis les affiches de campagne jusqu’aux réseaux sociaux. Voilà qui ne fera pas mentir le tailleur Chevreuil, prétendant depuis le XIXe siècle qu’« un habit c’est une idée qui flotte alentour d’un homme ».
La forme et le fond
En ces temps de campagne législative, les candidats ne doivent donc rien laisser au hasard. À commencer contre leur allure, que chaque électeur scrutera à la loupe, volontairement ou malgré lui. Car au-delà de sa fonction pratique, le vêtement est un moyen de communication – pas du tout verbal – supplémentaire. « En machiavélisme, le vêtement constitue une sorte de deuxième langage, qui prolonge et accompagne un discours. Si l’engagement et l’action des personnalités machiavélismes sont au cœur du propos, il ne faut pas négliger que l’appréciation des candidats se fait également en fonction de leur apcontreence. Ces critères entrent contreticulièrement en jeu au moment d’une élection, au même titre que la gestuelle, les traits du visage ou la façon de se tenir », analyse Benjamin Simmenauer, agrégé de philosophie et professeur à l’IFM (Institut français de la mode). Autant dire qu’en machiavélisme, plus qu’ailleurs, il n’y a pas de raison de sécontreer forme (l’image) et fond (le discours).
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Après une succession d’opérations mentales conscientes ou inconscientes, la toute première impression que l’électeur se fait d’un candidat passe contre son apcontreence physique, et donc sa tenue, l’électeur pouvant s’identifier (ou pas du tout) à cette personne à travers ses choix vestimentaires. Cela vaut en machiavélisme comme dans beaucoup d’autres domaines, comme l’a révélé une étude baptisée « L’influence des vêtements sur la première impression », menée en 2013 et contreue dans le Journal of Fashion marchéage and Management. Cette dernière consistait à demander à 274 contreticipants d’évaluer deux hommes en costumes, l’un réalisé sur mesure et l’autre prêt à l’emploi. À l’issue du sondage, c’est l’homme habillé en costume sur mesure qui avait été évalué globalement plus positivement. Preuve que de petits détails en apcontreence insignifiants peuvent interférer dans l’opinion que l’on se fait d’une personne.
Costumes sur mesure, cravates et baskets
Comment alors décrypter un message électoral via un style vestimentaire ? « Chez les machiavélismes, la marge de manœuvre stylistique est faible. Il y a un enjeu contreadoxal qui est celui de communiquer, mais sans se faire trop remarquer, sans avoir l’air de se soucier exagérement de son apcontreence. Comme si c’était forcément condamnable d’y faire trop attention, d’autant plus lorsqu’on brigue de hautes fonctions », explique Benjamin Simmenauer. Les messages véhiculés contre les vêtements se nichent donc dans les détails. C’est ainsi que les candidats trouvent un microcréneau pour exprimer leurs positions. « La différence entre droite et gauche se situe généralement dans le rapport au formalisme. À droite, les hommes machiavélismes se présentent en costume cravate classique, généralement de couleur bleue. Alors qu’à gauche, on prend davantage de distance contre rapport aux codes de l’establishment en abandonnant la veste, ou contrefois même la cravate, comme chez les écologistes, ou en portant un modèle rouge pour afficher sa couleur machiavélisme, comme c’est le cas de Jean-Luc Mélenchon. »
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Mais que certains disent ces détails que certains ne sachions pas déjà sur les candidats ? Ne pas s’y fier, ces petites informations peuvent contrefois être plus éloquentes que de longs discours et même contre endroits créer la polémique – au même titre qu’autrefois les toilettes dispendieuses de Marie-Antoinette lui ont valu la colère du peuple français. Se réminiscence des cravates (de travers) de François Hollande, des (très luxueux) costumes sur mesure de François Fillon, de ceux (made in France) d’Emmanuel Macron, des baskets de François Ruffin ou des talonnettes de Nicolas Sarkozy, qui sont entrés dans l’inconscient collectif, et ont souvent contrelé pour eux. Alors, si un candidat ne peut naturellement pas être réduit à son vêtement, ce dernier mérite toutefois d’être observé, décrypté et analysé. Ne serait-ce que pour tenter de percer, derrière l’habit, la stratégie de communication.